La maîtrise du cash, priorité absolue du DAF sous LBO

Pierre-Olivier Gisserot, Associate Partner Valtus
16 Avr 2025
Par Pierre-Olivier Gisserot, Associate Partner

 

La gestion de la trésorerie, des financements et des investissements constitue la deuxième priorité des Directions Financières pour 2025, après le pilotage de la performance 1. Dans un contexte de LBO, cette attention portée à la trésorerie devient primordiale et se place au cœur des priorités du DAF. Pour assurer le succès de ces opérations complexes, il est essentiel d’instaurer une véritable culture du cash au sein de l’entreprise — un défi que peuvent relever des profils expérimentés, tels que les DAF ou directeurs de trésorerie de transition, rompus aux environnements de LBO.

 

LBO : une équation de dette exigeante

Un LBO repose par nature sur un effet de levier financier important. Cet endettement, s’il permet une prise de contrôle rapide d’une entreprise avec un apport en fonds propres limité, implique des échéances de remboursement bien définis. Le DAF se retrouve en première ligne pour assurer le service de la dette, veiller au respect des covenants bancaires (ratios de levier, couverture des intérêts…) et garantir la génération de cash-flows opérationnels suffisants.

Au moindre écart, le risque de défaut n’est jamais loin. Pour anticiper d’éventuelles turbulences, la mise en place de « stress tests » réguliers devient indispensable. Il s’agit non seulement de gérer le présent, mais aussi de s’assurer de la solidité de la structure financière en cas de ralentissement de l’activité, de choc conjoncturel ou de diminution des marges.

 

Piloter la trésorerie au quotidien… et au-delà

La précision dans la gestion de trésorerie en contexte de LBO est plus que jamais un impératif. Le DAF doit disposer d’une vision claire et actualisée des flux de cash à court, moyen et long terme, grâce à la mise en place d’un reporting structuré – quotidien, hebdomadaire, sur 13 semaines, voire annuel – et l’utilisation d’outils avancés de gestion de trésorerie.

La centralisation des flux devient un réflexe, tout comme l’examen rigoureux de chaque sortie de cash. Une analyse coût/bénéfice claire s’avère déterminante pour éviter toute prise de risque susceptible de déséquilibrer la trésorerie. La gestion des investissements en est un bon exemple : les projets CAPEX doivent être priorisés vers ceux qui génèrent un retour sur investissement rapide et tangible.

 

Maîtriser le BFR pour libérer du cash

La gestion du besoin en fonds de roulement (BFR) est un autre levier essentiel pour renforcer la trésorerie. Le DAF doit jouer finement sur les trois axes classiques : accélérer l’encaissement des créances clients, allonger les délais de règlement fournisseurs sans compromettre la qualité de la relation commerciale, et optimiser la gestion des stocks pour réduire l’immobilisation de liquidités.

Cette démarche suppose un dialogue permanent avec les équipes opérationnelles, commerciales et achats. Il ne s’agit pas simplement d’imposer des délais, mais de diffuser cette culture cash dans toute l’organisation.

 

Anticiper les besoins futurs de financement

En situation de LBO, le DAF ne se limite pas à la gestion des échéances actuelles : il prépare déjà les suivantes. Cela signifie sécuriser des lignes de financement complémentaires – crédit revolving, dette mezzanine, etc. – avant d’en avoir besoin. Maintenir une relation de confiance étroite avec les partenaires bancaires et les investisseurs constitue également une priorité. Enfin, la proactivité est de mise pour anticiper les futurs besoins de refinancement afin d’éviter éviter toute tension de trésorerie à l’approche des échéances.

 

La mission d’un DAF sous LBO dépasse la seule sphère financière. Il doit insuffler une culture cash à tous les niveaux de l’organisation. Toute décision d’achat, négociation commerciale ou investissement doit ainsi être appréhendée à travers le prisme de son impact sur la trésorerie. Même en matière d’optimisation de la remontée des dividendes à la holding, un équilibre doit être trouvé entre cash-flow opérationnel et paiement. Bien plus qu’un simple indicateur de performance, le cash est le carburant du LBO et le gage de sa viabilité.

 

 

1 Priorités 2025 des Directions Financières, PWC

 

 

 

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