Réchauffement climatique, sortie des énergies fossiles, transition énergétique… Les sujets environnementaux posent des défis de taille, exigeant l’engagement de tous (États, entreprises, société) pour réussir un changement de modèle. 40 % des entreprises considèrent toutefois que répondre aux enjeux de la transition écologique est difficile. Les organisations créent de plus en plus d’emplois verts – et notamment des profils cadres – capables de les aider à réduire leur impact environnemental et à intégrer une dynamique autour du développement durable au sein de leurs activités.
Où en sommes-nous du développement des emplois verts ? À quoi correspondent les green skills ? Quelles sont les conséquences de ce verdissement des métiers sur les compétences ? Valtus analyse cette dynamique qui n’en est encore qu’à ses débuts.
Transition écologique et développement des emplois verts
Un contexte propice à l’essor des emplois verts
Dans un contexte où la lutte contre les changements climatiques et les diverses pollutions devient une préoccupation majeure, les entreprises sont amenées à multiplier les initiatives pour participer à la transition écologique. La pression réglementaire s’intensifie sur ces sujets.
En parallèle, les talents – et en particulier les cadres – prennent de plus en plus en compte l’impact environnemental d’une entreprise lorsqu’ils envisagent de se projeter dans un nouveau poste. Par exemple, les entreprises, soucieuses de réduire leur impact environnemental, tendent à attirer davantage les jeunes cadres.
C’est dans ce contexte qu’émergent les emplois verts, définis par l’Organisation Internationale du Travail comme des « emplois décents dans tout secteur économique (par exemple, l’agriculture, l’industrie, les services, l’administration) contribuant à la préservation, la restauration et l’amélioration de la qualité de l’environnement. »
Emplois verts : quels sont les métiers les plus concernés ?
L’APEC a déjà répertorié de nombreux métiers participant à la transition écologique, notamment dans le cadre de missions de :
- Préservation de l’environnement (traitement des pollutions ou des eaux usées)
- Gestion des ressources énergétiques
- Sauvegarde et valorisation de la biodiversité
- Analyse, gestion et prévention des risques
Ces « emplois et métiers cadres à finalité environnementale » sont globalement occupés par des profils très qualifiés (Bac+5) et plus jeunes que la population cadre globale.
Quelques exemples de métiers verts occupés par des cadres :
- Ingénieur/Ingénieure d’études réseaux d’énergie
- Ingénieur/ Ingénieure en efficacité énergétique
- Ingénieur/Ingénieure énergies renouvelables
- Expert/Experte en environnement et écologie
- Directeur/directrice développement durable
- Chef/Cheffe de projet sites et sols pollués
Le verdissement des métiers cadres, une dynamique enclenchée
D’après une étude publiée par l’APEC en septembre 2023 sur la dynamique de verdissement des métiers cadres, près de 25 500 cadres du secteur privé « jouent déjà un rôle en faveur de la transition écologique ». 56 % d’entre eux exercent dans le secteur énergies-eau. Si ces métiers représentent pour le moment seulement 1 % de l’effectif cadre du secteur privé, l’APEC note toutefois que le volume d’offres d’emploi cadre concernant des métiers à finalité environnementale a augmenté de 48 % depuis 2019.
Les métiers cadres de l’énergie enregistrent la plus forte croissance en termes de demande. Parallèlement, les opportunités d’emploi vert dans les domaines de l’aménagement du territoire, du cadre de vie et de la préservation de la biodiversité connaissent une progression significative.
La demande actuelle est déjà présente et devrait continuer à croître à l’avenir. À titre d’exemple, la loi relative à l’industrie verte vise à créer 40 000 emplois supplémentaires d’ici à 2030, dans le cadre de la stratégie de réindustrialisation du pays.
Verdissement des métiers : quels impacts sur les compétences ?
Quelles sont les compétences requises pour exercer un emploi vert ?
La prise en compte des enjeux de la transition écologique – aussi bien au sein du secteur privé que de la fonction publique – appelle au développement de nouvelles compétences, dites compétences « vertes ». Ces besoins en compétences varient en fonction du secteur d’activité et des types de métiers exercés. Les métiers à finalité environnementale nécessitent des compétences et savoir-faire spécifiques : génie climatique et thermique, génie énergétique, géosciences, hydrologie, biodiversité, etc.
Certaines compétences transverses sont en revanche communes aux différents emplois verts. Il s’agit par exemple de la capacité à gérer des projets, à répondre à des appels d’offres, à manager la qualité, etc.
Un verdissement global des compétences
Les emplois verts ne sont pas les seuls à être concernés par la transformation des compétences. Le verdissement de l’économie entraîne par ricochet un verdissement de l’ensemble des compétences. Les organisations, de plus en plus engagées dans une approche durable, invitent désormais tous leurs employés à développer des compétences favorisant la croissance verte et la transition écologique.
Certaines compétences sont appelées à jouer un rôle crucial pour initier un véritable changement de modèle :
- La capacité à adopter une vision systémique, qui étudie les répercussions des décisions sur l’ensemble des parties prenantes.
- La capacité à s’inscrire dans une approche prospective et une vision de long terme.
- La capacité à intégrer l’éthique et la responsabilité au sein des actions et des prises de décision.
Le verdissement des compétences dépasse les savoirs-faire purement techniques ou spécifiques. L’ensemble des métiers pourraient, dans un avenir proche, nécessiter des compétences vertes (approvisionnement durable, sobriété numérique, marketing responsable, etc.) et inclure un volet « durabilité ».
Comment résoudre le déficit de compétences vertes ?
L’impact de la transition écologique sur les métiers et les compétences est double. Il s’agit à la fois de faire émerger de nouvelles compétences pour combler les besoins en matière d’emplois verts, mais aussi d’ajuster les métiers existants. Ces compétences sont indispensables pour réussir la transition vers une économie verte.
Si la dynamique de verdissement des métiers est bien réelle, l’évolution des compétences, elle, n’avance pas à un rythme aussi important. Des stratégies de formation devront être élaborées afin de combler ces écarts.
La situation va également amener les employeurs à accélérer l’évolution de leurs stratégies RH et leurs modes de recrutement, en s’intéressant toujours plus aux compétences possédées par les candidats plutôt qu’aux diplômes. Le développement des compétences vertes passera également par des initiatives internes pour « verdir » les emplois existants et les adapter aux enjeux de la transition écologique.
Encore relativement confidentiels parmi la population cadre, les emplois verts sont appelés à occuper une place de plus en plus importante. L’augmentation du volume d’offres d’emplois verts le prouve. La place croissante occupée par les enjeux de transition énergétique et de protection de l’environnement nécessite de développer de nouvelles compétences. Les cadres eux-mêmes sont d’ailleurs moteurs dans cette dynamique de verdissement des métiers et des compétences, qui impacte l’ensemble des modes de pensée, de travail et de management.