Secteurs en crise : difficultés et perspectives en 2025

Analyse secteurs d'activité en crise en 2025
19 Mar 2025

 

L’année 2024 a été marquée par une série de bouleversements économiques majeurs en France et en Europe, mettant à l’épreuve la résilience de nombreux secteurs. Face à une conjoncture difficile, plusieurs industries ont enregistré des baisses d’activité significatives, tandis que d’autres ont su tirer parti de la situation pour se transformer. En s’appuyant sur les données et tendances les plus récentes, cet article dresse un état des lieux des secteurs en crise et explore les perspectives pour 2025.

Un contexte économique marqué par des défaillances records

L’année 2024 a été particulièrement éprouvante pour les entreprises françaises, avec 67 830 défaillances enregistrées, un seuil historique selon Altares. Le dernier trimestre de l’année a connu 18 709 procédures, confirmant un niveau de faillites jamais atteint depuis plus de dix ans. Ces défaillances ont directement mis en péril 256 000 emplois sur l’année, soit une augmentation de 4,3% par rapport à 2023.

La situation est particulièrement critique pour les PME-ETI, pour lesquelles les défaillances ont progressé de 30 % sur l’année, avec des hausses marquées dans le secteur manufacturier (+75 %), le commerce de gros (+76 %) et le transport (+59 %). Cette dynamique s’explique notamment par des dettes accumulées depuis la crise sanitaire et la reprise du recouvrement forcé des URSSAF, qui concernent 25 % des redressements judiciaires et 17 % des liquidations judiciaires prononcées au troisième trimestre 2024.

 

Industrie et bâtiment : une amélioration limitée

Les premiers mois de 2025 montrent un redressement dans certains secteurs. En janvier 2025, l’activité industrielle s’est améliorée grâce à une reprise dans l’automobile, le textile et les produits électroniques, après un mois de décembre marqué par des fermetures prolongées de sites de production. Cependant, les carnets de commandes restent peu fournis dans la plupart des sous-secteurs, notamment dans la métallurgie et les équipements électriques.

Dans le bâtiment, un léger rebond a été constaté en janvier, aussi bien dans le gros œuvre que dans le second œuvre, mais la tendance reste fragile. Le volume de commandes est particulièrement faible, freinant toute perspective d’amélioration durable. L’indicateur d’incertitude dans ce secteur atteint un niveau record depuis mars 2022, reflétant une inquiétude croissante des entreprises face aux conditions économiques et politiques.

 

Des dynamiques contrastées dans le commerce et les services

Le secteur du commerce demeure l’un des plus affectés, avec une baisse marquée de l’activité en 2024 et des prévisions peu optimistes pour 2025. L’activité des commerces de gros a particulièrement souffert, enregistrant une hausse des défaillances de 76 % sur l’année. En janvier 2025, les services marchands ont maintenu une légère progression, notamment dans les services d’information, la restauration et l’édition. À l’inverse, le transport et l’entreposage ont marqué un ralentissement après une fin d’année boostée par les fêtes.

Les tensions financières restent vives : les trésoreries sont jugées difficiles dans plusieurs secteurs, en particulier le transport, la restauration et la réparation automobile. Par ailleurs, la proportion d’entreprises ayant augmenté leurs prix en janvier 2025 est nettement inférieure à celle des trois dernières années, signalant une pression accrue sur les marges.

 

Perspectives 2025 : une croissance sous contrainte, mais des opportunités à saisir

L’année 2025 s’ouvre sur un climat d’incertitude marqué par une croissance économique modérée (+1 % selon les prévisions), un niveau toujours élevé de défaillances d’entreprises et des tensions persistantes dans plusieurs secteurs clés. Toutefois, des facteurs d’opportunité émergent, notamment grâce à l’évolution de la consommation des ménages, aux ajustements dans l’investissement privé et aux dynamiques sectorielles contrastées.

Reprise progressive de la demande intérieure

Un des moteurs de l’économie française en 2025 sera l’accélération de la consommation des ménages, attendue en légère hausse (+1 %) grâce à une amélioration du pouvoir d’achat et à une désinflation progressive. Cette tendance pourrait bénéficier à des secteurs comme les services aux particuliers et certaines industries manufacturières qui dépendent fortement de la consommation domestique.

Par ailleurs, l’investissement des entreprises est prévu en rebond (+1,1 %), porté par un effet retardé de la baisse des taux directeurs de la BCE et par la nécessité de moderniser les outils de production, notamment pour s’adapter aux transitions numérique et écologique. Cependant, ce regain de dynamisme ne sera pas homogène : il restera plus modéré dans l’immobilier (+0,6 %) en raison d’un effet d’acquis négatif en fin d’année 2024.

Des secteurs porteurs malgré les turbulences

Si certains secteurs restent sous pression (bâtiment, commerce de détail, industrie lourde), d’autres présentent des signaux de résilience ou des opportunités stratégiques :

  • L’aéronautique se distingue comme l’un des rares secteurs où les carnets de commandes restent solides et soutiennent la croissance des exportations.
  • L’agroalimentaire continue d’afficher une activité stable, bénéficiant d’une demande extérieure soutenue et d’une capacité à s’adapter aux fluctuations du marché.
  • Les services aux entreprises, notamment dans l’ingénierie et le conseil, affichent encore une dynamique positive et devraient continuer à recruter.

Enfin, la transition énergétique et numérique génère des opportunités d’investissement. Les besoins en infrastructures, en équipements bas carbone et en modernisation des processus industriels poussent certaines entreprises à accélérer leur transformation, ce qui peut ouvrir la voie à de nouveaux relais de croissance.

Un environnement économique à surveiller

Malgré ces perspectives, des incertitudes demeurent : le climat politique et fiscal est jugé instable par les entreprises, freinant certaines décisions d’investissement. De plus, la remontée des taux d’impayés et le risque de contagion financière restent des préoccupations majeures, particulièrement pour les TPE-PME qui représentent l’essentiel des défaillances (pour rappel, 67 830 procédures en 2024, selon Altares).

L’année 2025 ne marquera donc pas un retour immédiat à la croissance dynamique, mais elle pourrait offrir des opportunités aux entreprises qui sauront anticiper les mutations de leur marché et adapter leur stratégie d’investissement en conséquence. Dans ce contexte, le management de transition apparaît comme un levier stratégique pour accompagner les entreprises en difficulté ou en transformation. En intégrant rapidement des experts capables de stabiliser une situation critique, de redéfinir un modèle opérationnel ou de piloter une restructuration, cette solution permet de sécuriser la continuité d’activité et d’anticiper les mutations du marché. C’est un atout particulièrement pertinent dans des secteurs en crise, où la pression sur la trésorerie et les carnets de commandes exige des décisions rapides et efficaces.

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