Industrie en 2025 : entre essor technologique et restructurations

Frank Besson, Associate Partner Valtus France
13 Mar 2025
Par Frank Besson, Associate Partner France

 

L’industrie européenne traverse une période d’instabilité croissante. En 2025, elle se trouve confrontée à une concurrence chinoise toujours plus exacerbée, à des tensions géopolitiques croissantes entre grandes puissances et à une baisse des investissements industriels. Les acteurs de l’industrie doivent faire preuve d’une résilience et d’une adaptabilité accrues pour rester compétitifs. Dans ce contexte, le management de transition constitue une solution agile pour permettre aux entreprises industrielles de garder le cap.

 

Un environnement industriel sous pression

Alors que les objectifs de réindustrialisation sont au cœur de l’ambitieux Plan France 2030, la conjoncture actuelle ne favorise guère l’optimisme. Le recul de 26 % des investissements industriels à l’échelle mondiale1 confirme la prudence des acteurs face aux incertitudes économiques. Les disparités régionales s’accentuent, avec une croissance des investissements orientée vers les États-Unis, tandis qu’en France, ce ne sont pas moins de 18 usines qui étaient menacées de fermeture en début d’année2.

Les défis s’accumulent : crise persistante de l’acier européen, difficultés structurelles dans les secteurs automobile et chimique, tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine… L’incertitude s’installe et devient la norme. En janvier, les chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière française faisaient état d’un net repli de la demande en produits industriels3.

 

Entre stratégies résilientes et fragilités

Dans ce contexte volatil, deux tendances se dessinent : d’un côté, des entreprises qui réussissent à se consolider et à se renforcer par des opérations de M&A ou une expansion internationale ; de l’autre, des industriels en difficulté qui doivent se restructurer ou, dans le pire des cas, fermer des sites.

Siemens Energy a annoncé l’acquisition de plusieurs sociétés spécialisées dans les réseaux électriques intelligents et les batteries de stockage de grande capacité. General Electric Vernova (centré sur les énergies renouvelables et les infrastructures électriques) a renforcé sa présence mondiale en rachetant des acteurs locaux en Asie et en Amérique latine afin de sécuriser des parts de marché dans l’éolien et le nucléaire avancé. Safran connaît une forte croissance grâce à la reprise du trafic aérien mondial et à la demande accrue en moteurs d’avions plus économes en carburant. L’entreprise bénéficie aussi d’une hausse des budgets de défense en Europe et aux États-Unis, boostant ses ventes dans l’aéronautique militaire.

Le secteur automobile étant sous pression en raison du ralentissement des ventes de véhicules électriques et des transformations profondes du secteur, Valeo, équipementier spécialisé dans l’électrification et l’éclairage automobile, subit des difficultés. L’entreprise doit restructurer certains de ses sites en Europe et réfléchit à des désinvestissements. ArcelorMittal, confronté à la baisse de la demande en acier et aux contraintes environnementales ferme certaines unités de production en Europe, notamment en Espagne et en France. La concurrence chinoise amplifie les difficultés du groupe, bien qu’il investisse dans des technologies de production plus durables. Schneider Electric fait face à des difficultés liées au ralentissement du marché de la construction et à la baisse des investissements industriels en Europe. Pour s’adapter, Schneider annonce un plan de restructuration avec des fermetures de sites en France et en Allemagne, ainsi qu’une délocalisation partielle vers l’Asie.

Ces tendances illustrent le grand écart entre les industriels qui tirent profit de la transformation énergétique et des nouvelles technologies, et ceux qui souffrent des mutations profondes de leurs marchés.

 

Le management de transition, une solution clé face aux changements et aux crises industrielles

Dans ce monde industriel particulièrement exposé aux situations de crise, la capacité à mobiliser sans délai des expertises adaptées devient cruciale pour sécuriser l’activité lors des moments décisifs. Réorganisation des lignes de production, repositionnement stratégique, fusion de deux sites industriels, plan de réduction des coûts, fermeture de sites mais aussi accompagnement des fusions, PMI (post-merger integration), M&A… Le management de transition est une solution adaptée et flexible pour déployer des actions rapides à fort impact.

Là où un recrutement traditionnel peut s’avérer long et peu pertinent à terme, le manager de transition répond à un besoin temporaire mais urgent et stratégique. En s’entourant de profils expérimentés, capables de mener des actions ciblées et d’apporter une vision stratégique, les entreprises industrielles se donnent l’opportunité de conjuguer réactivité et anticipation pour assurer leur pérennité face aux nouveaux paradigmes du marché.

L’année 2025 oscille entre le risque de désindustrialisation et une ambition affirmée de réindustrialisation. Face à cette double dynamique, les entreprises doivent sans cesse repousser les limites de l’adaptation et de l’innovation et saisir les opportunités de rebond.

 

1 Baromètre mondial des investissements industriels, Trendeo & McKinsey, décembre 2024
2 Observatoire de la réindustrialisation 2025, L’Usine Nouvelle
3 Enquête trimestrielle de conjoncture dans l’industrie, Insee, janvier 2025

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