Quand les signaux faibles deviennent des opportunités : réagir avant la crise

Arnaud Cordelle, Partner Valtus France
24 Jan 2025
Par Arnaud Cordelle, Partner France

 

Dans un environnement économique marqué par l’instabilité, les entreprises ont l’opportunité de se réinventer et de redéfinir leur trajectoire. Avec un record de près de 68 000 défaillances d’entreprises en 20241 et une croissance moyenne estimée à 0,9 % pour 20252, les pressions s’intensifient. Si l’incertitude est souvent perçue comme un frein, elle constitue aussi une puissante source d’inspiration et d’innovation. Les entreprises doivent adopter une posture d’anticipation, pour limiter les crises mais aussi pour assurer leur résilience et explorer de nouvelles voies.

 

Pourquoi des entreprises viables rencontrent-elles des difficultés ?

En 2024, le nombre de procédures de sauvegardes, de redressements et de liquidations judiciaires a augmenté de +17 % par rapport à 20231. Mettons de côté les entreprises proches de la défaillance en 2020, auxquelles la crise Covid et ses PGE ont procuré un répit. Certaines ont pu en profiter pour retourner une situation qui paraissait compromise, d’autres sont actuellement rattrapées par la réalité au moment de rembourser ces mêmes PGE.

Nonobstant, de nombreuses entreprises, même les plus prometteuses, peuvent traverser des périodes de turbulences. Qu’elles soient dues à des facteurs conjoncturels, structurels ou à une combinaison des deux, ces situations peuvent rapidement compromettre leur survie.

Les causes conjoncturelles

Le contexte de croissance économique modérée, associé à une inflation persistante, pèse sur les marges et les capacités d’investissement. Les tensions sectorielles et l’incertitude fiscale tendent à freiner les décisions d’investissement tandis que les risques géopolitiques peuvent directement affecter l’activité d’entreprises actives sur les marchés mondiaux.

Les fragilités structurelles

Certaines difficultés sont liées à des faiblesses internes : organisation inadaptée, manque de compétitivité, anticipation insuffisante des évolutions technologiques ou des mutations des modes de consommation. Une transformation digitale inaboutie ou une dépendance excessive à un marché unique peuvent également exposer l’entreprise à des crises importantes.

À titre d’exemple, ces dynamiques trouvent une illustration concrète dans le secteur de l’immobilier de bureaux, actuellement confronté à des défis structurels majeurs. Avec l’évolution des modes de travail, le secteur est désormais contraint de se réinventer en profondeur. Ainsi, des secteurs historiquement perçus comme stables peuvent être déstabilisés par des mutations significatives.

 

Savoir déceler les premiers signaux faibles

Avant qu’une situation ne devienne critique, les entreprises sont souvent confrontées à des signes précurseurs, qu’il est crucial d’identifier :

  • Une baisse progressive du carnet de commandes ;
  • Une tension accrue sur la trésorerie ;
  • Un allongement des délais de paiement ou une multiplication des impayés ;
  • La perte d’un client ou d’un marché stratégique ;
  • Des difficultés à intégrer de nouvelles technologies ;
  • Des chaînes d’approvisionnement sous pression ;
  • Une intensification de la concurrence…

Dans le secteur de la mode en ligne, par exemple, l’essor fulgurant d’acteurs chinois reconfigure les règles du marché, poussant les marques traditionnelles à revoir leurs stratégies. Ces signaux ne doivent pas être perçus uniquement comme des menaces potentielles : ils soulignent aussi la nécessité d’évolution et représentent une opportunité pour s’adapter avant qu’une crise ne s’installe.

 

Une approche proactive pour rebondir et exceller

Face à des situations complexes exigeant des décisions rapides et des actions ciblées, il est essentiel pour les dirigeants de s’entourer de professionnels expérimentés capables d’apporter un regard neuf. Le management de transition se révèle être une solution particulièrement efficace, avec un impact positif immédiat. Elle offre l’agilité nécessaire pour désamorcer les points de tension et permet la mise en œuvre des stratégies adaptées aux enjeux spécifiques de chaque entreprise.

C’est l’apport très rapide – en une à deux semaines – d’un niveau de compétence non existant ou non disponible en interne. L’entreprise gagne ainsi du temps, évite la spirale négative, voire génère une dynamique nouvelle.

Des bénéfices tangibles

Fiabilisation des indicateurs financiers, échelonnement des dettes fiscales et sociales, diversification des sources de financement, recouvrement d’impayés… Un manager de transition saura optimiser et stabiliser la gestion financière de l’entreprise. Face à des difficultés organisationnelles, son expertise là aussi s’avère déterminante, notamment pour redynamiser une chaîne de production, relancer un projet enlisé, ou réinventer les forces de vente pour renforcer la compétitivité.

L’intervention d’un expert externe est également précieuse pour adapter ses stratégies, ses offres ou encore explorer de nouveaux marchés et identifier d’autres manières de créer de la valeur. Dans des secteurs comme la grande distribution, où l’impact de l’inflation, la pression concurrentielle et l’évolution des attentes des consommateurs sont particulièrement marqués, les enseignes sont nombreuses à être pleinement confrontés à cet impératif de proactivité.

L’apport du management de transition est double : répondre aux besoins immédiats des organisations confrontées à des défis d’envergure, tout en créant un modèle résilient assurant leur succès à long terme.

 

1 Altares, Étude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France, T4 et bilan bilan 2024
2 Banque de France, Projections macroéconomiques, Décembre 2024

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