Véritables « championnes des territoires », les 6200 ETI françaises représentent 25 % des effectifs salariés. Elles réalisent 30 % des investissements et 34 % du chiffre d’affaires à l’export de l’ensemble des entreprises et jouent ainsi un rôle clé dans l’économie, notamment à l’échelle internationale. Réunissant dynamisme et capacité d’adaptation, elles se distinguent par leur impact significatif sur les exportations et leur présence sur les marchés mondiaux. Cet article explore leurs stratégies d’internationalisation, les opportunités de croissance à l’étranger, et les défis auxquels elles font face dans un contexte économique mondial complexe.
État des lieux de l’internationalisation des ETI¹
Réparties sur 120 000 implantations à travers le pays, les quelque 6200 ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) que compte la France représentent un poids considérable dans l’économie. En effet, elles réalisent plus de 30 % du chiffre d’affaires à l’export de l’ensemble des entreprises présentes sur le territoire.
Qu’est-ce qu’une ETI ?
« Une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est une entreprise qui a entre 250 et 4 999 salariés, et soit un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 milliard d’euros, soit un total de bilan n’excédant pas 2 milliards d’euros.
Une entreprise qui a moins de 250 salariés, mais plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 43 millions d’euros de total de bilan, est aussi considérée comme une ETI².
Exportations et implantations
- 86 % des ETI ont une activité d’exportation ; parmi elles, une entreprise sur deux réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’export, tandis qu’une sur quatre exporte vers plus de 50 pays. Leur principal marché d’export est l’Europe.
- 90 % des ETI ont une implantation à l’étranger, avec plus de quatre sur dix implantées dans au moins dix pays, prioritairement en Europe.
Production à l’étranger
La production à l’étranger représente moins d’un quart de la production totale pour près de la moitié des ETI implantées à l’international.
Croissance internationale post-pandémie
À la recherche de nouveaux marchés en dehors des frontières de l’Hexagone pour assurer leur croissance, mais aussi de nouveaux talents, et soutenues par les politiques publiques, 6/10 ETI ont accru leur présence à l’international depuis la pandémie du COVID-19. 7/10 prévoient de l’accroître au cours des douze prochains mois.
Chiffre d’affaires international
En 2022, 37 % des ETI présentes à l’international ont réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros. En 2023, cette proportion est montée à 39 %.
Impact économique et défis
- Près de 50 % des ETI estiment que le différentiel des prix de l’énergie entre l’Europe et le reste du monde a un impact sur leur activité d’exportation ou de production.
- L’Europe est le premier marché d’export pour près de trois quarts (73 %) des ETI exportatrices
Stratégies d’internationalisation des ETI
Les motivations des entreprises vers l’international
Croissance, diversification des marchés, stratégie… Les raisons qui motivent les ETI à se développer à l’international sont variées. Selon le baromètre 2024 du METI, elles sont directement liées aux facteurs de succès qui contribuent à leur réussite à l’international :
- Proximité avec les client(s) pour 82 % des ETI interrogées
- Coûts de production moins importants
- Incitations fiscales, stabilité politique, autres avantages offerts par les écosystèmes étrangers
- Accès aux compétences : en s’internationalisant, les ETI accèdent à un vivier de talents plus vaste et à des compétences spécialisées parfois difficiles à trouver localement, ce qui leur procure un avantage concurrentiel notable, notamment dans les secteurs de haute technologie ou à forte innovation.
- Les raisons logistiques et d’approvisionnement, pratiques ou économiques sont essentielles à la stratégie de croissance internationale et de diversification des marchés des ETI.
Entrée des ETI sur les marchés étrangers : quelles modalités ?
Pour intégrer les marchés étrangers, les ETI françaises recourent à divers moyens :
- 85 % des ETI implantées à l’étranger le sont via une filiale ; 30 % des entreprises qui prévoient de renforcer leur présence à l’étranger souhaitent le faire en créant une nouvelle filiale.
- 58 % des ETI passent par l’acquisition d’une entreprise existante.
- Les joint-ventures, moins courantes, sont toujours utilisées.
- Certaines entreprises choisissent d’établir un bureau de représentation ou une succursale afin de s’implanter durablement et d’exploiter les opportunités industrielles et commerciales à l’international.
Les défis de l’internationalisation des ETI
En tant que sixième exportateur mondial en 2022, la France a maintenu une position de choix dans le commerce international. Cependant, elle fait face à un déficit commercial persistant depuis près de deux décennies. Cette situation a conduit à une diminution notable de ses parts de marché à l’exportation, avec des réductions particulièrement marquées en Afrique de l’Ouest, du Nord et au sein de l’Union européenne. Malgré ce contexte difficile, l’internationalisation demeure un axe essentiel pour les entreprises françaises de taille intermédiaire. Elle leur permet de diversifier leurs marchés et de pallier les défis internes tels que l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.
Évolution des parts de marché à l’export
Les statistiques³ parlent d’elles-mêmes : en 2022, les parts de marché mondiales des biens français à l’export étaient de 2,4 %, soit moitié moins qu’il y a vingt ans. Cette baisse est particulièrement marquée en Afrique, où la concurrence de pays émergents comme la Chine et l’Inde s’est accrue. La perte de cette position avantageuse sur le marché international est également visible dans d’autres régions du monde, reflétant une nécessité pour les entreprises françaises de renforcer leur compétitivité.
Secteurs d’exportation
Les exportations françaises, bien que diversifiées, sont en perte de vitesse à l’échelle mondiale. Parmi les secteurs principaux impliqués dans ces exportations : l’agriculture et l’agroalimentaire, la chimie et la pharmacie, les machines et les équipements industriels ainsi que l’automobile.
Politiques et plans de soutien pour l’internationalisation des ETI
Parmi les principales aides aux ETI à l’international
- Assurance-Crédit (Bpifrance), mise en place pour sécuriser les contrats d’exportation, faciliter l’octroi de financement et inciter les entreprises françaises à développer leur activité export. Cette aide est la plus sollicitée, Bpifrance ayant accepté 172 dossiers en 2023 pour un encours de 70 milliards d’euros dans une centaine de pays.
- Team France Export (TFE), un réseau d’accompagnement des entreprises pour leur stratégie d’exportation. Ce guichet unique ouvert aux PME-ETI regroupe les services de l’État, des régions, de Business France, des Chambres de commerce et d’Industrie et de Bpifrance. Il met à la disposition des entreprises françaises, publiques ou privées, des solutions pour leur développement à l’international.
- Prêt du Trésor (Direction générale du Trésor) : prêt entre 10 et 70 millions d’euros pour financer des projets d’infrastructure ou de service dans un pays étranger.
- Fonds d’études et d’aide au secteur privé (FASEP) (Direction générale du Trésor) : subvention de 100 000 à 800 000 € pour financer des études de faisabilité sur un secteur pilote.
- FASEP innovation verte (Direction générale du Trésor) : subvention de 100 000 à 800 000 € pour financer des démonstrateurs de projets à caractère durable.
- Prêt Croissance International (Bpifrance) : prêt de 30 000 € à 5 000 000 €, sans garantie, pour financer la croissance à l’international.
- Assurance prospection à l’international (Bpifrance) : soutien financier et assurance contre les pertes en cas d’échec commercial.
- Assurance Caution-Export (Bpifrance), mobilisable lorsque les entreprises doivent fournir des engagements de caution à leur banque pour les garanties et contre-garanties prévues dans leurs contrats à l’exportation.
Zoom sur le plan « Osez l’export »
Le plan « Osez l’export ! » est une initiative du gouvernement français destinée à soutenir les entreprises françaises dans leur développement international. Ce plan, qui comprend 13 mesures concrètes, a été présenté en 2023 par le gouvernement. En voici les éléments principaux :
- Volontariat Territorial de l’Export (VTE) : dispositif d’aide à l’embauche pour recruter un jeune dédié à l’export, afin d’accompagner les PME-ETI dans leur stratégie internationale, avec une aide pouvant aller jusqu’à 12 000 €.
- Volontariat International en Entreprise (VIE) : service civique mis en place par l’État français pour encourager l’activité des jeunes et des entreprises à l’étranger.
- Réflexe export dans les territoires : mobilisation de la Team France Export pour identifier de nouvelles entreprises à préparer à l’export et lancement d’un programme « Parlementaires pour l’export ».
- Académie de l’export : création d’une plateforme digitale pour recenser des formations à l’export.
- « Pavillon France » pour tous : augmentation de la subvention publique à 30 % pour faire participer 5 000 entreprises par an aux salons internationaux.
- Produits français exposés en ligne : valorisation de l’offre française via des e-vitrines et création d’un « Pavillon France » digital
- Marque France : création d’une marque pour promouvoir les produits français à l’international.
- Accords commerciaux : meilleure utilisation des accords commerciaux de l’UE pour investir de nouveaux marchés et faire bénéficier les entreprises de réductions de droits de douane.
- Lauréats de France 2030 à l’export : parcours « France 2030 Export » pour accompagner les PME avec un fort potentiel à l’export.
- « Booster » : champions de demain : programme intensif de 12 mois pour 200 PME-ETI à fort potentiel.
- Entreprises françaises dans les grands projets internationaux : invitation de 700 acheteurs étrangers chaque année pour rencontrer 1 500 PME-ETI françaises et octroi d’assurances-crédit aux sociétés étrangères.
- Financement du commerce digitalisé : mise en œuvre des recommandations pour accélérer la digitalisation des activités de financement du commerce international.
- Financements export de demain : multiplication de l’offre de très petits crédits export, territorialisation de l’offre d’assurance de cautions export, et prise en garantie des financements de projets verts de petite taille.
Le plan « Osez l’Export ! » s’appuie sur la collaboration de plusieurs entités, dont la Team France Export (TFE), Business France, Bpifrance et les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), pour offrir un soutien complet aux entreprises françaises souhaitant développer leur activité à l’international.
Valtus, partenaire de l’internationalisation des ETI
Valtus, leader français et leader européen du management de transition, se positionne comme un partenaire clé pour les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) souhaitant s’internationaliser. Fondé en 2001, Valtus propose des solutions sur mesure en mobilisant rapidement des experts de haut niveau pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises en pleine transformation.
Avec son réseau global, Valtus Alliance, Valtus regroupe plus de 60 000 dirigeants de transition à travers 20 pays, offrant une couverture mondiale inégalée. Ce réseau permet d’accompagner les ETI dans divers secteurs, allant de la réorganisation d’une entreprise technologique en Allemagne à l’optimisation des opérations industrielles en Chine.
Chaque année, Valtus réalise plus de 900 missions de management de transition, dont 36 % à l’international, dans des environnements variés et souvent complexes. En s’appuyant sur des valeurs de proximité, de confiance et d’excellence, Valtus et ses partenaires assurent un service de haute qualité à travers tous les secteurs et les contextes.
La force de Valtus réside dans sa capacité à fournir des solutions rapides et efficaces grâce à une communauté de managers de transition immédiatement opérationnels, prêts à intervenir pour relever tous les défis de l’internationalisation. Les ETI bénéficient ainsi de l’expertise et du soutien nécessaires pour naviguer avec succès sur les marchés mondiaux, tout en maximisant leur potentiel de croissance.
Suivez l’actualité de Valtus Alliance sur LinkedIn pour découvrir comment Valtus transforme le management de transition en un levier de succès global pour les entreprises du monde entier.
Perspectives pour les ETI sur la scène internationale
En février 2024, Grant Thornton publiait son rapport d’étude dans le cadre du Rapport d’activité international (International Business Review). Ce rapport illustre notamment les perspectives suivantes.
Transformation et décarbonation
Les ETI continuent de transformer leur modèle d’affaires. 33 % des dirigeants considèrent que les nouvelles normes de décarbonation sont une opportunité pour accélérer leur transformation au cours des douze prochains mois. Cette tendance indique une adaptation proactive aux nouvelles réglementations environnementales, mais aussi une anticipation des opportunités qu’elles peuvent apporter.
Recrutement et ressources humaines
Les entreprises de taille intermédiaire font face à des défis de recrutement significatifs. La difficulté principale pressentie pour 2024 est le recrutement de nouveaux talents.
- Préservation des emplois : les perspectives de recrutement sont en recul, avec seulement 41 % des entrepreneurs envisageant d’augmenter leur nombre de salariés, préférant se concentrer sur la préservation des emplois existants.
- Augmentation des salaires : 83 % des ETI prévoient d’augmenter les salaires au cours des 12 prochains mois, un indicateur stable depuis deux ans.
Exportations en recul
La part des dirigeants d’ETI qui prévoient une hausse des exportations au cours des 12 prochains mois a diminué à 31 %. Ce chiffre marque une diminution de 9 points par rapport à la période précédemment mesurée. Ce recul dans les exportations s’explique principalement par un contexte économique global défavorable, incluant une inflation persistante, des taux d’intérêt élevés et des tensions géopolitiques importantes.
Investissements limités
Les investissements des ETI sont en recul dans plusieurs domaines clés pour leur développement à long terme. Par exemple :
- Nouvelles technologies : 42 % des entrepreneurs envisagent d’investir dans ce domaine, une baisse de 10 points par rapport au semestre précédent.
- Formation des collaborateurs : 45 % des ETI prévoient des investissements dans ce domaine, en recul de 4 points.
- Outil de production et R&D : 36 % et 39 % des ETI respectivement, en baisse également.
Malgré un environnement économique et géopolitique difficile, les ETI continuent de s’adapter en adoptant des stratégies internes pour la transformation et la préservation de leurs activités tout en étant conscientes des défis à venir.
Sources :
¹ METI – Baromètre des dynamiques internationales des ETI – Mars 2024
² INSEE – Définition ETI
³ Lab Bpifrance – Le défi de l’internationalisation des entreprises françaises en 2023 – Mai 2023