Performance, équipe, résilience… Un langage partagé par les athlètes et les leaders en entreprise. Karim Laghouag, cavalier de concours complet d’équitation devenu double médaillé olympique par un « travail acharné », connaît l’expérience de la résilience dès le plus jeune âge, en raison d’un dramatique accident. À 8 ans, Karim débutait l’équitation. À 48 ans, il prépare les JO de Paris. Cette réussite est le résultat d’une quête incessante de dépassement de soi et d’un véritable travail d’équipe. Pour atteindre la performance puis l’excellence recherchée en entreprise, les dirigeants peuvent légitimement s’inspirer des champions.
« C’est une histoire d’équipe. »
Si l’équitation est un sport individuel, il se pratique à deux. Vis-à-vis de son cheval, le cavalier doit être « sa lumière, sa voie, son chemin de fer parce qu’autrement il perd pied » explique Karim Laghouag. Une équipe de professionnels accompagne le duo cavalier-cheval : préparateur physique, préparateur mental, coach de dressage, coach privilégié, entraîneur, groom (soigneur pour cheval). Pour se donner les moyens de se préparer pour Paris 2024, Karim dispose également d’une trentaine de partenaires financiers.
Certains dirigeants établissent volontiers des parallèles entre équipe sportive et groupe de travail. Dans les deux cas, le collectif est organisé pour faciliter l’atteinte d’objectifs ambitieux. Pour Gilles Chevènement, ancien joueur puis entraîneur de hockey sur glace devenu DG de transition, la comparaison est aisée :
« En début de saison, voire avant, on définit un objectif commun. Dans les entreprises, cet objectif commun correspond à la stratégie. Ensuite, chacun est informé et une organisation se met en place pour permettre l’atteinte de l’objectif. Chacun joue un rôle. »
Aventure commune
Aux jeux de Rio, Karim fait partie de l’équipe de France et il redécouvre avec enthousiasme la puissance du collectif, aussi bien dans les moments de faiblesse qu’à travers les instants de complicité et de bienveillance. Une « forme d’amusement » se crée. Cette émulation et ce plaisir partagé portent leurs fruits : « Je ne peux même pas vous décrire notre joie lorsque nous avons débloqué le compteur » autrement dit, lorsque l’équipe a décroché la première médaille française.
En entreprise, explique Gilles Chevènement, il s’agit de bâtir une équipe qui a « envie de jouer le match » :
« Une fois que le qui fait quoi est déterminé, on s’entraîne ensemble. Il y a un travail d’entraide, de motivation, de challenges, de joutes etc. Il s’agit de vivre une aventure commune. »
Échouer puis reprendre les rênes
Le parcours de Karim Laghouag est marqué, dès la petite enfance, par la notion de résilience, une compétence que nombre de dirigeants cherchent à développer. À seulement 2 ans, il subit une chute dans les escaliers qui le laisse incapable de marcher pendant plusieurs années. En regardant les autres enfants jouer, Karim devient « un redoutable observateur » avec une fine lecture du jeu. Il façonne ainsi son esprit d’équipe.
Rompu à l’exercice de transformer une faiblesse en un atout, Karim dispose d’une solide aptitude à rebondir. Son chemin vers le titre champion est semé d’embuches : « Je dois ma médaille d’or à Rio à un échec assez cuisant ». En effet, au cours d’une importante épreuve de saut d’obstacles, les rênes, empruntés à la dernière minute en raison d’un oubli de matériel, se brisent et le cheval de Karim chute. Il perd ainsi son ticket pour les JO de Londres. Pour mieux s’organiser en équipe et repartir du bon pied, Karim s’entoure d’un manager général. Quatre ans plus tard, grâce à un effort soutenu, il devient champion olympique.
De plus en plus adopté par les organisations, le droit à l’erreur, qui favorise la résilience et l’amélioration continue, émerge comme un facteur pouvant influencer positivement la performance à long terme. Lorsqu’un manager de transition intervient après un échec ou une crise, il incarnera bien souvent le rebond.
Vers l’excellence
Que l’on soit dirigeant ou athlète, il est essentiel de rester concentré sur ses objectifs pour sans cesse améliorer sa performance. Karim Laghouag précise : « On a un objectif. On peut perdre un peu le cap par moments, mais il ne faut pas chavirer. Il faut continuer ».
La capacité à maintenir son endurance, sa persévérance et sa patience représente en soi un défi. Clarisse Puharré, DAF de transition et 4èmechampionne de France d’aviron n’hésite pas à dresser un parallèle entre sa profession et la pratique sportive :
« C’est un métier sur lequel vous êtes constamment sur la ligne de crête : aller vite, comprendre les enjeux, trouver des alliés, dénouer les nœuds, gagner la confiance des dirigeants… On est comme un sportif de haut niveau ! »
En persistant dans l’effort, les résultats sont au rendez-vous explique Karim Lagouag :
« Viser l’excellence, c’est un peu comme tendre la corde d’un arc. On est obligé de reculer mais on tend quelque chose et quand on va lâcher, ça va partir en plein centre, là où on le veut. »
Mental de champion
Avec son préparateur mental, Karim s’entraîne à affronter le stress des compétitions. Il pratique des techniques telles que l’immersion dans des bains d’eau glacée, apprenant ainsi à tolérer le froid extrême et donc à dépasser ses limites, améliorer sa respiration et mentaliser. Particulièrement exposés à des situations de stress, certains dirigeants ont eux aussi recours au coaching afin de renforcer leur aptitude à anticiper et maîtriser les moments d’anxiété.
« Le sport de haut niveau, c’est la vitrine de l’écurie et c’est surtout mon plaisir. »
Est-ce que trouver du plaisir dans ce que l’on fait accélère le chemin vers l’excellence ? Pour Karim Laghouag, rien n’est moins improbable : « L’idée c’est de prendre du plaisir car il se transmet aux autres et cela permet de se dépasser ». Il semblerait même qu’être passionné donne des ailes : « Sur les cross, j’ai l’impression que je vole ». Aussi, la capacité à communiquer sa passion constitue peut-être l’une des qualités du leader inspirant.
