Les grands événements sportifs comme les JO n’échappent pas à la nécessité de faire mieux avec moins. Quelles initiatives technologiques et organisationnelles mettre en place pour maîtriser l’empreinte carbone de cet événement sportif ? Le 8 juin 2023, Jérôme Vercaemer, Partner Valtus, animait un webinaire sur le thème des jeux frugaux. À ses côtés, deux invités : Eric Greffier, Directeur technique Partenariats Paris 2024 chez CISCO France et Pascal Wattiaux, Conseiller auprès de la Direction de la Technologie des Systèmes d’information du COJO 2024.
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Les JO à venir, en chiffres
Si les jeux se veulent frugaux, ils n’en demeurent pas moins un événement sportif de grande ampleur, impliquant de nombreuses parties prenantes.
> Sports et athlètes
- 28 sports Olympiques et 4 sports invités
- 22 sports Paralympiques
- 10 500 athlètes
- 4 400 athlètes paralympiques
- + 26 000 représentants des médias accrédités
- 31 500 volontaires pour les jeux Olympiques
- 13 500 volontaires pour les jeux paralympiques
> Diffusion
- 13,5 millions de spectateurs sur site
- 4 milliards de téléspectateurs
- + 350 000 heures de diffusion radio et télévision
> Technologie
- 12 000 écrans sur site
- 13 000 postes de travail
- + 200 applications
- 384 400 km de fibre optique
- + 7000 points d’accès Wi Fi
> Sites non-sportifs
- 60 villes étapes dans la cadre du Relais de la flamme, avec des activités à organiser dans 200 sites
- 1 centre de production et de diffusion radio et télévision 24h/24, dont l’ouverture à lieu très en amont des jeux
- 1 centre principal de presse chargé d’accueillir l’ensemble de la presse accréditée
- Des espaces logistiques
Jeux frugaux : de quoi s’agit-il ?
Pour les prochains JO la France s’engage à maîtriser son empreinte carbone de manière très significative. Le bilan carbone des jeux devra en effet être de 55 % inférieur à celui de la moyenne de ceux de Rio et de Londres. 3 pôles contribuent à ce bilan :
1. les déplacements (34 %)
2. les constructions (33 %)
3. les opérations (33 %)
Des JO dits frugaux intègrent donc plusieurs dimensions :
- Réutilisation des infrastructures existantes
- Hébergement responsable
- Mobilité durable
- Approvisionnements responsables
- Engagement numérique
- Sensibilisation à l’environnement
Limitation du transport des athlètes
Dans le cadre de ces jeux frugaux, les athlètes seront logés proches des lieux de compétition et l’usage des réseaux de transports publics urbains privilégié. 80 % des sites de compétition parisiens sont d’ailleurs situés dans un rayon de 10 km du village olympique.
Jeux Olympiques | Jeux paralympiques | |
---|---|---|
Sites de compétition | 41 sites | 20 sites |
Sites d’entraînement hors sites de compétition | 44 sites | 7 sites |
Villages olympiques | 14 000 lits en IDF | 9 000 lits en IDF |
Hors Ile-de-France, des villages olympiques seront mis en place à Lille, Marseille et Tahiti. Plus de 600 000 repas y seront servis aux athlètes !
Limitation du nombre de constructions
Si le dispositif est important, les constructions nouvelles dédiées aux JO restent limitées. Seuls trois nouveaux sites principaux verront le jour :
- le village Olympique et paralympique,
- un centre aquatique,
- l’Arena de La Chapelle, décidée avant l’attribution des jeux.
D’autres sites existants sont en reconstruction ou rénovation, comme le Stade Yves du Manoir, déjà utilisé lors de jeux de 1924. Enfin, certains sites sont mis en place de manière temporaire.
Une technologie omniprésente
Affichage dynamique, contrôle d’accès et des billets, chronométrage et arbitrage… Les événements sportifs de grande envergure comme les JO nécessitent l’intervention d’un grand nombre de fonctions, dépendantes du réseau. L’ensemble des accrédités, soit environ 50 000 personnes, doivent avoir accès au système d’information sur l’intégralité d’un site de compétition.
Sur le plan technologique, le défi principal consiste à homogénéiser le monitoring, la capacité de réaction et la capacité de remplacement de matériel en 4K dans des environnements qui sont très différents les uns des autres. Il s’agit également de limiter le nombre d’équipements délivrés.
Pour les prochains Jeux Olympiques, plus de 10 000 équipements actifs vont être délivrés par CISCO, partenaire officiel des Jeux Olympiques et paralympiques, une diminution forte par rapport aux jeux de Tokyo où 15 000 équipements avaient été mis à disposition. Cette réduction suppose d’avoir davantage recours à la mutualisation, à la virtualisation et à utiliser les réseaux de vidéosurveillance existants.
Si la réutilisation de technologies existantes va dans le sens de la frugalité, les solutions ne sont pas toujours aisément interconnectables ou interchangeables. Parce que certains sites ne sont pas en mesure de mettre à disposition leur équipement facilement et/ou d’assurer un niveau de cybersécurité optimal, la mise en place de solutions technologiques temporaires en overlay est parfois incontournable.
« Avec une obligation d’opérer correctement, de nombreux tests doivent être réalisés en amont de jeux. »
Pascal Wattiaux
La technologie au service des spectateurs ?
Si la technologie contribue à la qualité de l’expérience spectateur, les personnes qui se déplacent pour voir les jeux recherchent avant tout « une expérience humaine dans un cadre humain » explique Pascal Wattiaux. Certains services dédiés aux spectateurs avec handicap (plateformes tactiles pour les déficients visuels, traduction automatique des commentaires en langage des signes…), contribuent toutefois à rendre les jeux plus inclusifs.
Approvisionnements responsables
Sur la plupart des appels d’offres, le volet approvisionnements responsables représente plus de 30 % de la note. Les enjeux de réutilisation et de re-commercialisation des équipements sont pris en compte de manière systématique. Le prestataire doit ainsi s’engager à fournir un environnement technologique qui n’arrive pas en fin de commercialisation à l’issue des jeux. En revanche, le taux de réutilisation de l’environnement de câblage, souvent assez spécifique dans l’événementiel sportif, reste assez faible.
« À la fin des jeux, la capacité à réutiliser les environnements créés pour d’autres clients, d’autres événements ou sous forme d’héritage par rapport au site est quasiment de 100 %. »
Eric Greffier
La démonstration de l’efficacité des achats responsables en matière d’empreinte carbone influence les parties prenantes, maximisant l’impact positif de la démarche.
Pour Éric Greffier, « les enjeux technologiques associés aux jeux sont les mêmes que ceux des entreprises donc finalement, c’est un projet informatique en vraie grandeur ». La différence majeure : les fournisseurs technologiques partagent un objectif commun avec le commanditaire. Comme en entreprise, la logique test and learn n’est jamais loin : du planning millimétré aux objectifs ambitieux en matière d’empreinte carbone, la mise en action permet de se confronter aux difficultés réelles et de les comprendre.